(m) eric dane

Me voilà à bord du Ms Kong Harald. Ce sublime paquebot de croisière. J'aime le boulot de journaliste dans ces moments là. Je suis accueillie en reine sur ce paquebot. Le journal dans lequel je bosse est plutôt connu et apprécié dans la région. Je dois avouer en général, je prends surtout des photos de paysage, de manifestations, de rencontres, de festival, mais là c'est tout nouveau pour moi. Le fjord de Geiranger est l'un des plus beaux de Norvège. Il a été classé patrimoine de l'UNESCO et ce fut une fierté nationale. J'attrape mon appareil et je commence à prendre quelques clichés. Malgré le climat froid, il y a un très beau soleil qui s'est installé. J'essaye de jouer sur ces contrastes de lumières avec mon appareil. " Quels beaux clichés ! " me lance une jeune demoiselle derrière moi. Visiblement, elle est américaine. Je me tourne vers elle et je lui souris. " Merci ! "dis-je." C'est par passion ? " demande t-elle. Je hoche la tête négativement. " Nan, je bosse pour un journal local ! " Elle semble surprise. " Donc, vous n'êtes pas anglaise ? " me demande t-elle. " Ma mère est anglaise, d'où l'accent " Je précise. Je pense qu'elle fait partie des texans du coin. J'ai reconnu son accent du sud des Etats-Unis. " Vous permettez ? " je demande en lui montrant l'appareil pour la prendre en photo. Elle acquiesce et je commence à prendre des clichés de cette inconnue. Une chose est sure, elle est très photogénique. Je la remercie. Et nous nous séparons.

Le soir venu, je me rends sur la terrasse du paquebot. Tout le monde est là pour admirer les feux d'artifices organisé par le port de Geiranger. Je ressors mon appareil et je continue à prendre des photos des feux d'artifices, des passagers et du fjord. Je m'écarte de l'agitation en m'adossant contre le bord du paquebot. Je suis folle. Mon appareil pourrait tomber. Cependant, j'ai vraiment envie de prendre les photos du fjord. Ma carte mémoire étant pleine, je l'échange avec une nouvelle. Je me saisis de l'autre que je range soigneusement dans ma poche. Et je continue à mitrailler le fjord. La terrasse est très bruyante. Il n'y a pratiquement que des touristes, je reconnais de l'allemand, du français, de l'italien et bien évidement de l'anglais américain. Je précise car c'est un groupe de texan dont fait partie la jeune femme que j'ai rencontré quelques heures plus tôt. Je continue ma séance photo. Derrière moi, un jeune homme probablement bourré crie à ses amis en chantant des chants débiles typiquement américains. Il me bouscule violemment ce qui propulse mon appareil vers l'avant et donc tout droit dans le fleuve. Je suis passablement énervée. Mon frère m'a toujours conseillé de m'acheter une sangle à attacher au cou. Merde. J'aurai du l'écouter. D'un côté, c'est ma faute mais de l'autre, cet individu aurait pu faire attention. Je retourne brutalement et je lui fais fasse. " Pardon ? Non, c'est de trop ? " dis-je avec impatience. " Oh désolé charmante jeune fille ! Quelles idées de prendre des photos au dessus d'un fleuve ? " dit-il avec arrogance. Si il ne mesurait pas quatre fois ma taille, je l'aurais probablement giflé. La jeune fille sentant que la discussion s'échauffe, s'interpose en lui et moi. " Ecoute, laisse la tranquille. Elle est photojournaliste, c’est pour son travail ! " dit-elle en prenant ma défense. " Dégage petite soeur, ce n'est pas ton problème ! " Elle le regarde et lui donne des coups comme une gamine. " Tu vas t'en prendre à tout ce qui bouge sur ce pays ! Idiot ! " La situation m'amuse. La jeune fille semble plus agréable que son frère. Mon dieu, je commence à comprendre ce que les norvégiens reprochent aux américains. " Dommage, j'avais apprécié notre séance photo. J'aurai bien aimé me retrouver dans un journal " me dit-elle. Je souris en rigolant.

Depuis cet évènement, je suis resté très proche de la jeune femme. Elle s'est installé ici depuis six mois comme beaucoup de ces concitoyens. Ce qui m'amuse, c'est que nous vivons la même chose. Sa famille est réticente aux norvégiens, comme la mienne et cela l'amuse. On se comprend malgré nos différences., quant à son débile de frère. Nous nous disputons toujours autant.But, I don't give a damn.