(over) ◢ c'est trop banal d'être sentimental.

ikempa on tumblr.

Son parfum avait une douce odeur de cannelle, mélangée à un peu d'orange. Ses grandes boucles brunes, qui paraissaient encore plus foncées dans la semi-obscurité dans laquelle nous étions plongés, faisaient ressortir son teint diaphane et ses yeux émeraude. Nos corps, collés l'un à l'autre, bougeaient lentement en rythme sur la chanson de Ray Charles qui passait. La musique, l'ambiance, elle et les verres de whisky de tout à l'heure, tout était parfait, et préalablement minutieusement préparé par mes soins. Nous étions tous les deux tellement absorbés dans l'instant que nous étions en train de vivre, que seule l'intrusion qui suivit réussit à nous ramener à la réalité, bien malgré nous.

« NOLAN MARIUS-ISAK HENRIK ERLAND ERIKSSON BERGMAN. Tu mériterais d'être foudroyé sur place, pauvre type ! » Après un soupir que je voulus long et bruyant, je relâchai ma partenaire, qui, surprise et interloquée, n'attendit pas très longtemps avant de ramasser ses affaires et de s'en aller en vitesse, sous le regard massacreur de la jeune femme qui venait de faire irruption dans mon appartement. « Je t'en prie Maya, prends place maintenant que nous sommes seuls. », lui dis-je tout en m'asseyant sur le canapé en vieux cuir brun, et en nous servant un verre de whisky à tous deux. Elle me foudroya du regard, avant d'obéir et de se jeter sur le canapé. « Tu es insupportable. Mais vraiment. Je ne sais même pas pourquoi je m'évertue à venir te le rappeler, tu n'écoutes rien. Ou peut-être que tu écoutes, mais il doit y avoir quelque chose dans ton cerveau, un mécanisme complexe, qui t'empêche de faire ce que l'on te dit de faire. Ou en tout cas ce que moi je te dis de faire. Nolan, qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu me punisses comme ça ? » Je lui tendis son verre, qu'elle vida d'un trait. « Je suppose que si tu es là pour un énième discours censé me rappeler que je suis ton frère et pas ton chien de garde et que, par conséquent, je n'ai pas à effrayer tes petits amis, ça à quelque chose à voir avec ce... comment s'appelle-t-il déjà ? Ah oui, Matthew ? » Ses lèvres se pincèrent, et elle ferma les yeux, comme pour retenir tout le flot d'insultes qui m'étaient destinées et qui n'attendaient que de sortir. « Pauvre type. Matthew était gentil, attentionné, adorable, je l'aimais vraiment beaucoup. Et il a fallu que tu ailles tout gâcher, comme d'habitude, en faisant ton numéro de grand frère ultra-protecteur, et que tu ailles lui raconter je ne sais quoi. » Je roulais les yeux à sa remarque, puis vidai un verre à mon tour. « C'était un TEXAN. Et un abruti. Tu t'en remettras, tu verras. » Je voulus mettre un bras autour de ses épaules, mais elle s'en dégagea immédiatement. « Quand est-ce que tu vas me laisser gérer mes petits amis toute seule ? J'ai vingt-trois ans Nolan, VINGT-TROIS ! Et je n'ai encore eu aucune relation sans que tu viennes t'en mêler ! Ma vie amoureuse est un désastre complet, et c'est entièrement ta faute ! » « C'est bon, tu as fini ? » Elle laissa échapper un grognement, et me visa avec le coussin qui était à côté d'elle, et que j'évitai de justesse. Elle inspira profondément, expira, se calma, et afficha une mine un peu plus détendue et sérieuse. « ''Maman est morte, papa semble nous considérer comme des étrangers. Il n'y a plus que nous deux.'' Je reprends tes propres mots, et je te donne une réponse qui aura mis douze ans à arriver : je le sais. Je le sais, Nolan, ça me fait mal aussi. Et ça me fait mal même si tu es là. Mais la vie continue, il ne faut pas constamment remuer le passé. Tu ne peux pas faire de ma protection une priorité dans ta vie. » Elle se précipita sur moi, me prit dans ses bras. Je ne sus quoi dire, ses mots m'avaient fait taire. Je me laissai aller, et, pour une fois dans ma vie, laissai ma petite soeur s'occuper de moi. « Je t'aime Nolan, je t'aimerai toujours. Tant que nous serons ensemble, rien ne pourra nous atteindre. »